Pas d’égalité sans accès à l’IVG
En cette journée mondiale du droit à l’avortement, Osez le Féminisme ! rappelle que le droit à l’IVG libre et gratuit dans le monde n’est pas la norme, mais l’exception. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, près de 22 millions de femmes sont contraintes d’avorter illégalement chaque année. Elles sont 47 000 à en mourir et 8,5 millions à souffrir de complications les mettant en danger de mort. Sans cette liberté fondamentale pour les femmes de disposer de leur corps, l’égalité entre les femmes et les hommes ne peut être atteinte.
Le droit à l’IVG, qui semble parfois acquis en Europe, est en réalité attaqué de toute part. La montée des conservatismes met plus que jamais en péril les acquis durement gagnés par les féministes : en Espagne en 2014, au Portugal en 2015, en Pologne actuellement. Le parlement polonais vient d’adopter un projet de loi visant à interdire l’avortement et à le rendre passible d’une peine de prison, durcissant ainsi une loi déjà très restrictive. Les forces conservatrices à l’œuvre dans le pays ont abouti à un changement législatif au mépris du bien-être et des droits fondamentaux des femmes polonaises.
Alors que l’égalité entre les femmes et les hommes est une valeur présente dans les traités fondateurs de l’Union Européenne, la liberté des femmes à disposer de leur corps n’est toujours pas une réalité : à Malte, l’avortement reste interdit et l’accès aux contraceptifs limité ; en Irlande, l’avortement n’est autorisé qu’en cas de mise en danger de la vie de la mère. L’Union Européenne doit garantir à toutes les femmes l’accès à l’avortement : il doit devenir un droit effectif, inscrit dans la Charte européenne des droits fondamentaux.
En France, malgré des mesures très positives pour défendre le droit à l’IVG (suppression du délai de réflexion et remboursement à 100% notamment), la fermeture de 130 centres IVG en 10 ans complique le parcours des femmes voulant avorter. Nous demandons les moyens nécessaires à une véritable application du droit à l’IVG pour toutes les femmes, quelle que soit leur situation économique et sociale.
Nous saluons la démarche de Laurence Rossignol concernant le délit d’entrave numérique à l’IVG, qui vise à punir les sites entravant le droit des femmes via la manipulation et la désinformation sur l’avortement. Mais il ne suffit pas de faire reculer les conservateurs pour que les libertés progressent : il est aujourd’hui capital que l’Etat se donne les moyens de mener une véritable politique d’éducation à l’égalité et à la sexualité dès le plus jeune âge, afin que l’égalité entre les femmes et les hommes ainsi que la liberté de choix puissent devenir une réalité.
Notre combat est universaliste et internationaliste : l’IVG est un droit à conquérir ou assurer à toutes les femmes. Nous appelons donc au rassemblement « Manif Noire contre l’interdiction totale de l’IVG » qui aura lieu ce dimanche 2 octobre à 15h devant l’ambassade de Pologne à Paris.
A l’initiative des militantes du collectif Nous d’Abord. Courage aux femmes polonaises, nous sommes avec vous !