Hausse du nombre d’accidents du travail : les femmes en première ligne
La branche “accidents du travail / maladie professionnelle” de la sécurité sociale s’apprête à publier son rapport annuel qui révèle une hausse du nombre d’accidents du travail en 2014 et 2015 (+3000 accidents constatés). Ces accidents concernent les métiers « d’aide à la personne ».
Que sont ces métiers d’aide à la personne ? Ce sont les aides soignant.e.s, les assistant.e.s maternel.le.s, les auxiliaires de vie (3ème âge, etc.). Autrement dit, ce sont des métiers dits “féminisés”, car occupés dans l’immense majorité des cas par des femmes. En effet, sur 87 familles de métiers recensées, les femmes sont concentrées dans 13 d’entre elles. Une étude de l’INSEE, reprise dans le rapport “agir pour la mixité des métiers” du CESE, révèle les statistiques suivantes :
- 97,7% des assistant.e.s maternel.le.s sont des femmes ;
- 70,5% des agents d’entretien sont des femmes ;
- 90,4% des aides-soignant.e.s sont des femmes;
- 94,3% des employé.e.s de maison sont des femmes.
Quand la branche AT/MP constate une hausse des accidents du travail dans les métiers d’aide à la personne, ce sont donc les femmes les premières victimes.
Osez le féminisme ! rappelle que derrière l’appellation “métiers féminisés” se cachent des métiers dévalorisés, sous-payés, alors qu’ils requièrent de vraies compétences : s’occuper d’un enfant en bas âge ou de personnes âgées n’est pas “naturel” pour une femme. Cette représentation relève d’un stéréotype de genre persistant, qui suppose que les femmes sont dotées de prédispositions innées au métiers du care, du soin.
Beaucoup de ces femmes travaillent dans de très petites structures, quand l’employeur n’est pas un particulier. L’article de France Inter souligne que les accidents du travail ont fortement diminué dans le secteur du bâtiment, essentiellement masculin, grâce à de grandes campagnes d’information et de sensibilisation. Il devient urgent que les pouvoirs publics s’emparent du sujet de la prévention des accidents du travail dans les secteurs à forte prédominance féminine.
Osez le féminisme ! souligne que ces statistiques sont publiées quelque mois après la promulgation de la loi travail, qui vient, entre autres, casser la médecine du travail. Le texte de loi fait le choix de se concentrer sur les salarié.e.s exposé.e.s à des risques pour la visite médicale d’embauche et les visites périodiques. Or nous savons que les métiers dits féminisés ne sont pas considérés comme étant à risque, au sens du droit du travail. Il serait peut-être temps de reconsidérer cette liste de risques, pour que la santé des femmes au travail soit enfin prise en compte par le monde professionnel.