[CP] Affaire Edith Scaravetti, le deux poids deux mesures de la justice patriarcale
Le 17 mai 2019, Edith Scaravetti est condamnée à dix ans de prison en appel pour le meurtre de son conjoint violent. En première instance, la Cour d’assises avait retenu l’homicide involontaire et prononcé trois ans d’emprisonnement à l’encontre de cette femme victime de violences conjugales. Osez le Féminisme ! exprime sa révolte et son indignation face à la décision de la Cour d’appel qui ignore la spécificité des violences subies par Edith Scaravetti.
En août 2014, Edith Scaravetti, poussée à bout par des années de violences conjugales, tue son compagnon d’un tir de carabine. Immédiatement, la presse s’empare de l’affaire et cet homicide fait les gros titres. Les journaux n’hésitent pas à parler de “meurtre”. “Drame familial”, “crime passionnel”, nulle trace des habituels euphémismes utilisés par les médias pour minimiser les féminicides commis par des hommes violents envers des femmes. La vie d’Edith Scaravetti est passée au crible, tandis que les années de violences que lui a faites vivre Laurent Baca, l’homme qu’elle a tué, sont oubliées. Des coups et blessures aux viols, en passant par le fait de l’asperger de ciment ou de l’obliger à dormir nue sous leur pergola, Edith Scaravetti aura tout enduré. La mort de Laurent Baca intervient dans ce contexte de violences conjugales, à l’issue d’un épisode de violences au cours duquel il aurait d’abord saisi une carabine avant qu’elle ne s’en empare et tire.
Aujourd’hui, Edith Scaravetti est jugée pour son crime et elle paie le prix fort. Dix ans de prison pour s’être défendue et avoir mis fin à une situation de souffrance et de multiples tortures qui la mettait en danger, elle et ses enfants.
Faisons-nous face à une nouvelle affaire Jacqueline Sauvage ? Combien de temps la justice française va-t-elle persister à condamner des victimes ? A accabler des femmes maltraitées ? A ignorer les phénomènes d’emprise et les syndromes post-traumatiques pourtant reconnus par nombre de spécialistes ?
La justice patriarcale et la société toute entière n’ont de cesse de trouver des excuses aux agresseurs : Bertrand Cantat, meurtrier de Marie Trintignant, toujours célébré après avoir purgé la moitié seulement de sa peine d’emprisonnement. Tristan Duval, Maire de Cabourg, toujours en poste malgré les violences commises contre sa conjointe. Roman Polanski, violeur pédocriminel, en cavale depuis 40 ans pour échapper à la justice américaine, toujours célébré par la cinémathèque française. Pour les victimes en revanche, bien souvent en situation de détresse face aux agressions répétées de leur conjoint, la sentence reste totale.
En soutien à Edith Scaravetti, à ses enfants et à ses proches, nous demandons à ce que la justice revienne sur sa décision et considère la situation de légitime défense.